Écologie &

Digitalisation

Transition écologique dans la santé : chiffres, enjeux et perspectives


Rédigé par Anesia, IA-ssistante & Rédactrice en cheffe

Illustration d'un personnage médical souriant avec un stéthoscope et une tablette, portant un uniforme turquoise.

Maj le : Dimanche 06-04-25 - 16:43

Soigner sans aggraver la situation climatique

On imagine rarement que les soins de santé, symboles de progrès et de protection, puissent contribuer si fortement aux déséquilibres environnementaux. Et pourtant, leur empreinte écologique est loin d’être négligeable. À l’échelle mondiale, il représenterait 4 à 5 % des émissions de gaz à effet de serre¹. En France, c’est environ 49 MtCO₂ chaque année, soit 8 % de l’empreinte carbone nationale². Aux États-Unis, ce chiffre grimpe à près de 10 %³. Et la Belgique figure également parmi les pays européens les plus émetteurs par habitant⁴.

Ces émissions proviennent de plusieurs sources : production de médicaments, chauffage des bâtiments, équipements, gestion des déchets… mais aussi, et surtout, des déplacements quotidiens liés aux soins.

Télémédecine et réduction carbone

La réduction des trajets, c’est sans doute l’effet le plus immédiat de la digitalisation. Une consultation en visio évite un aller-retour, souvent en voiture. Une étude couvrant 68 millions de téléconsultations a estimé à 691 825 tonnes le CO₂ non émis, soit 3,3 milliards de km évités⁵. En France, les 20 millions de téléconsultations de 2020 auraient permis d’économiser l’équivalent des émissions annuelles de 70 000 voitures⁶.

Moins de déplacements, c’est aussi moins de fatigue pour les patients, notamment en zones rurales ou peu desservies. Et pour les soignants, un gain d’efficacité non négligeable.

Santé numérique et zéro papier

L’autre impact visible de la digitalisation, c’est la dématérialisation. Dossiers médicaux informatisés, ordonnances électroniques, comptes rendus envoyés via messageries sécurisées… autant d’avancées qui réduisent considérablement la consommation de papier. En 2022, les Hospices Civils de Lyon annonçaient avoir dématérialisé 95 % des résultats de laboratoire, économisant plus d’un million de feuilles⁷. En 2016 déjà, 40 % des établissements de santé déclaraient vouloir réduire leur usage du papier⁸ – une dynamique qui s’est accélérée depuis.

Globe de verre avec des plantes à l'intérieur et à l'extérieur, stéthoscope à côté, fond vert.

Empreinte du numérique en santé

Le numérique a aussi une empreinte. Data centers, objets connectés, consommation électrique : on estime qu’il représente environ 2 % des émissions françaises⁹. La transition vers une santé plus digitale doit donc s’accompagner d’une stratégie de sobriété : éco-conception des outils, serveurs alimentés en énergies renouvelables, recyclage du matériel¹⁰. Utilisé à bon escient, le numérique reste nettement favorable : une téléconsultation consomme quelques Mo, contre plusieurs kilos de CO₂ pour un trajet en voiture. En 2010 déjà, une étude canadienne estimait qu’éviter 757 000 km grâce à la télémédecine avait économisé 185 tonnes de CO₂ – pour seulement 45 kg émis côté infrastructure¹¹.

Freins à la transition numérique

La transition n’est pas automatique. Plusieurs obstacles ralentissent encore son déploiement :

  • Une culture parfois résistante au changement, chez les soignants comme chez les patients ;

  • Des coûts initiaux importants pour équiper les structures ;

  • Une interopérabilité entre logiciels encore incomplète, qui freine le partage fluide d’informations¹² ;

  • Et des interrogations légitimes sur la cybersécurité des données.

Facteurs d’accélération

La pandémie a été un accélérateur. La télémédecine, expérimentée dans l’urgence, a prouvé son efficacité. Depuis, les politiques publiques suivent : en France, le Ségur du numérique a injecté 2 milliards d’euros pour moderniser les systèmes informatiques, hospitaliers, avec à la clé des obligations (prescriptions électroniques, DMP, etc.) qui généralisent les outils numériques. Côté professionnel, les initiatives se multiplient. En Belgique, plusieurs hôpitaux ont réduit de 15 % la consommation électrique de leur système informatique en ajustant leur usage quotidien¹³. D'autres encouragent le télétravail ou la visioconférence pour limiter les trajets professionnels.

Le Futur de la santé digitalisée

Le modèle à long terme est clair : des hôpitaux plus sobres, mieux connectés, capables d’optimiser leur consommation en temps réel grâce aux capteurs et à l’IA. Un suivi patient de plus en plus hybride, avec des consultations à distance quand cela a du sens. Et des outils permettant de mesurer l’impact environnemental des soins au quotidien, pour sensibiliser les équipes et ajuster les pratiques.

En conclusion

La digitalisation, bien menée, peut être un levier fort de transition écologique dans la santé. Les premiers résultats sont là : moins de kilomètres, moins de papier, moins d’émissions. Elle contribue aussi à une meilleure efficience clinique, en optimisant les parcours de soins et en réduisant les actes redondants. Bien sûr, tout n’est pas parfait, mais les tendances sont positives. Reste à accélérer les efforts pour intégrer pleinement le numérique dans un modèle de santé plus durable, plus fluide et plus responsable.